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Beitrag vom 07.08.2024

Le Point

Avec le Bénin et Madagascar, la Société générale poursuit son désengagement du continent africain
Après avoir vendu sa filiale marocaine en avril dernier, la Société générale se retire du Bénin et de Madagascar.

Par Sylvie Rantrua

La 17e banque mondiale accélère son départ du continent.

La Société générale poursuit son désengagement en Afrique. Le 30 juillet, la banque française a annoncé avoir signé un accord avec l'État béninois pour lui céder la totalité de ses parts dans Société générale Bénin, incluant sa succursale Société générale Togo. Quelques jours plus tard, elle annonce son retrait de Madagascar, après vingt ans de présence. Elle cède sa filiale à la BRED Banque populaire.

Ces cessions confirment l'accélération du repli stratégique de la Société générale d'Afrique. En juin 2023, la troisième banque française avait déjà annoncé sa volonté de céder 6 de ses 17 filiales sur le continent (Burkina Faso, Congo Brazzaville, Guinée équatoriale, Mauritanie, Mozambique et Tchad)* et même précisé qu'elle étudiait son départ de Tunisie. À la surprise générale, elle va même au-delà, en cédant en avril dernier sa filiale marocaine, 4e banque de la place. Le Bénin comme Madagascar ne faisaient pas non plus partie de la liste des pays pour lesquels la banque avait annoncé son retrait.

Depuis plus d'un an, sous l'impulsion de son nouveau directeur général Slawomir Krupala, la Société générale a engagé un projet de restructuration et de recentrage de ses actifs à marche forcée. Les cessions de filiales africaines font partie du plan. Cependant, ce plan de restructuration va bien au-delà de l'Afrique. Le jour même où la banque annonçait la cession de sa filiale à Madagascar, elle divulguait aussi les cessions de deux autres de ses filiales étrangères – SG Kleinwort Hambros au Royaume-Uni et Société générale Private Banking en Suisse – à la banque suisse UBP (Union bancaire privée), pour un montant d'environ 900 millions d'euros.

L'État béninois veut faire de SG son bras armé financier

Contrairement au schéma classique de reprise des activités d'une banque privée, par une autre banque, dans le cas du Bénin, c'est l'État qui s'est porté acquéreur. Selon les engagements pris, l'État béninois reprendrait la totalité des activités opérées par cette filiale, ainsi que l'intégralité des portefeuilles clients et l'ensemble des collaborateurs de cette entité », précise le communiqué de la Société générale, sans toutefois divulguer le montant de la transaction. Elle se positionne au 6e rang sur les crédits à la clientèle avec 8 % de part de marché et au 9e rang sur les dépôts, avec une part de marché de 5 %, au 31 décembre 2022. Sa succursale, Société générale Togo se positionne au 12e rang avec une part de marché de 2 % sur les crédits et 2 % sur les dépôts

De son côté, la Société générale précise que « cette transaction aurait un impact positif d'environ 2 points de base sur le ratio de CET1 du Groupe à la date de finalisation attendue d'ici la fin du premier trimestre 2025. L'annonce de cet accord induit un impact comptable négatif d'environ - 25 millions d'euros sur les résultats du troisième trimestre 2024 du Groupe ».

« Au Bénin comme en Côte d'Ivoire, une partie du secteur bancaire reste détenue par l'État (un quart au Bénin). Dans ce contexte, cela ne surprend pas que l'État se porte acquéreur des actifs de la SG au Bénin (et au Togo), avec un établissement aux normes (prudentielles et de gestion) internationales », commente Estelle Brack, économiste, spécialiste des questions bancaires et financières.

La BRED trace sa trajectoire

La Société générale a signé un accord avec la BRED Banque populaire qui « prévoit la cession totale des parts du groupe (70 %) dans Société générale Madagasikara », précise le communiqué. La BRED Banque populaire s'engage à reprendre la totalité des activités opérées par cette filiale, ainsi que l'intégralité des portefeuilles clients et l'ensemble des collaborateurs de cette entité.

Pour Madagascar, l'impact local est plus important en raison de l'étendue du réseau, avec 65 agences qui emploient 900 personnes. Elle fait aussi partie des trois principales banques du pays avec BNI Madagascar et BMOI (Banque malgache de l'océan Indien).

La BRED va à rebours de la tendance qui se dégage depuis une vingtaine d'années avec le retrait des banques françaises du continent africain au profit des groupes panafricains et des banques locales qui se saisissent de ces opportunités pour renforcer leurs positions. La BRED, la plus importante des banques populaires françaises intégrée au groupe BPCE (Banque populaire Caisse d'Épargne) dispose d'un vaste réseau en Île-de-France, en Normandie, et dans les territoires d'outre-mer ainsi que d'une présence à l'international, notamment en Asie du Sud-Est, dans le Pacifique Sud, la Corne de l'Afrique, la Suisse et Dubai. La BRED inscrit l'Afrique dans son périmètre d'intérêt. « C'est un marché en croissance, avec des opportunités de développement intéressantes, compte tenu de la hausse de la bancarisation un peu partout sur le continent. Nous sommes déjà présents à Djibouti. Nous regardons ce qu'il est possible de faire ailleurs », confiait aux Échos Jean-Paul Julia, le directeur général de la BRED en juin dernier.

Cette ambition à l'international se lit aussi dans l'organigramme de la banque, avec la nomination le 24 juillet de Régis Barriac en qualité de directeur de l'International. Il est rattaché au directeur général Jean-Paul Julia et intègre le comité exécutif. « Je suis ravi que Régis Barriac prenne la direction de nos activités à l'international. Il saura, par son expérience et sa parfaite connaissance de nos enjeux, pleinement accompagner chaque filiale et chaque métier de l'international », a commenté Jean-Paul Julia, directeur général de la BRED Banque populaire.

D'autres filiales africaines de la Société générale seraient aussi près de changer de main. La Société générale a demandé à la banque d'affaires Lazard de trouver des repreneurs pour ses filiales au Ghana, au Cameroun et en Tunisie.