Beitrag vom 12.10.2012
Le Parisien
Hollande aux Africains : «le temps de la Françafrique est révolu»
Le président français François Hollande est arrivé vendredi à Dakar, sa première visite en Afrique depuis son élection en mai, où il entend écrire une "nouvelle page" de la relation entre la France et l'Afrique, fondée sur la "franchise", la "transparence" et le "respect".
Bertrand Langlois
Une nouvelle ère des relations franco-africaines ? Tel est l'un des objectifs affichés de cette première tournée africaine de François Hollande, entamée à Dakar où il est arrivé ce vendredi en fin de matinée. Le président s'est entretenu avec son homologue Macky Sall, élu en mars dernier pour succéder à Abdoulaye Wade qui a dirigé le Sénégal pendant douze ans.
«Vous êtes un exemple de transition réussie», a déclaré François Hollande à son égard; lors d'une conférence de presse commune. Tout en exprimant sa «grande confiance» dans l'Afrique qui «va devenir un grand continent émergent».
A son arrivée à Dakar, François Hollande a été accueillie par une foule joyeuse. «c'est toute la France qui se sentait accueillie, fêtée», a relevé le président. Il a tenu à rappeler la richesse de la relation binationale passée et présente tout en se tournant vers une Afrique du futur : «Ce qui nous rassemble aujourd'hui c'est l'avenir». En rupture avec la politique africaine parfois trouble menée par l'Elysée : «Il ne s'agit pas de générosité, il s'agit de solidarité et de compréhension de ce qu'est l'avenir du Sénégal et du continent», a affirmé M. Hollande, critiqué à droite pour son ignorance présumée des questions africaines. Et de lâcher : «le temps de la Françafrique est révolu»
Cinq ans après le discours de Dakar de Nicolas Sarkozy, l'Afrique cristallise les tensions politiques en France sur un changement de style entre les deux présidents en matière de politique étrangère. Le président Macky Sall a pour sa part noté que «dans les relations entre Etats, chaque acte posé est un signal qu'il convient de décrypter pour en saisir le sens et la portée». Et selon lui, que François Hollande ait «consacré au Sénégal sa première visite en Afrique est un geste d'amitié et de style». «Tout nous dire sans ingérence, mais avec exigence», telle est la ligne prononcée par François Hollande pour cadrer l'avenir des relations.
Sur le dossier sensible du Mali, dont le nord est occupé par des groupes islamistes armés liés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) au sein desquels combattent des Français, François Hollande s'est tourné vers les organisations internationales en rappelant : «aujourd'hui même sera discutée au Conseil de sécurité (de l'ONU) une résolution» sur la préparation de l'envoi d'une force militaire ouest-africaine soutenue par l'ONU pour reconquérir ce territoire où les islamistes appliquent la charia (loi islamique). «Ce n'est pas la France qui va procéder à je ne sais quelle opération, ce temps là est terminé», a-t-il affirmé.
De son côté, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a tenu à préciser les modalités de vote de la résolution discutée à l'ONU : «elle doit être approuvée par la méthode dite du silence, ce qui veut dire que si personne ne s'y oppose dans un délai de 24 heures, elle est apppprouvée, et le délai expire dans quelques heures. Donc on peut considérer que cette première étape est franchie». Le prochain rendez-vous à l'ONU est prévu pour dans 45 jours «au maximum», selon le ministre.
La délégation française se rend à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, pour le 14e Sommet de la Francophonie. Le déplacement de la ministre de la Francophonie, Yamina Benguigui, avait donné lieu à une polémique sur ses frais de voyage. Le président a hésité à se rendre à ce Sommet en République démocratique du Congo, dirigé d'une main de fer par Joseph Kabila. «C'est un grand pays, un des plus grands pays d' Afrique, avec une population qui aspire à la démocratie, avec des règles qui ne sont pas aujourd'hui encore complètement satisfaisantes. J'en parlerai avec le président Kabila et (...) aussi avec l'opposition», a déclaré François Hollande avant de se rendre en Afrique.